La neuroimagerie en 6 questions – Partie 1

Il est possible qu’en chemin vers l’Institut Allan Memorial, vous ayez emprunté une route qui porte le nom de l’Avenue du Docteur-Penfield. Plusieurs rues portent des noms de personnages historiques, c’est bien vrai, mais le neurochirurgien Wilder Penfield, fondateur de l’Institut neurologique de Montréal, a indirectement contribué à l’élaboration de techniques d’imagerie cérébrale. Avant d’opérer des patients souffrant d’épilepsie sévère, Penfield utilisait une technique de stimulation électrique sur le cerveau pour mieux comprendre les fonctions des différentes régions et éviter d’endommager des structures importantes durant l’opération. De cette façon, il a pu créer des cartes cérébrales des aires motrice et sensorielle, dès 1954. Ces illustrations montrent l’espace du cortex dédiée aux fonctions de chaque partie du corps, communément connu sous le nom d’homoncule de Penfield.

Malgré son importance dans l’avancée des connaissances en neuroscience, cet homoncule (« petit homme », en latin) doit être interprété avec un grain de sel, puisque certains aspects de celui-ci sont remis en question (Catani, 2017). Néanmoins, ce sont grâce à des représentations des régions du cerveau et de leurs fonctions associées, produites notamment par des chercheurs comme Penfield, que les techniques pour observer l’activité cérébrale ont pu évoluer autant. Cela nous permet désormais de ne plus avoir à utiliser des techniques invasives des années 1940 pour pouvoir y arriver (Purves et al., 2012) !

1.      En quoi consiste une imagerie par résonance magnétique?

Pour obtenir des images du cerveau, plusieurs méthodes peuvent être employées, comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM). De l’extérieur, l’IRM ressemble à un tunnel muni d’une table où l’on peut s’allonger; il est donc difficile de concevoir comment une machine de ce genre peut en arriver à produire des images du cerveau. En partant du principe que le corps est composé en majorité d’eau, on peut résumer le fonctionnement de l’IRM ainsi : les particules d’hydrogène du cerveau s’alignent grâce à un champ magnétique généré par l’appareil, sont ensuite perturbées par des ondes radio, puis émettent un signal qui est capté et envoyé à un ordinateur. Ainsi, les informations recueillies par l’ordinateur permettent alors de créer des images du cerveau.

Il est possible de distinguer deux types de méthodes d’imagerie, soit l’imagerie structurelle, comme l’IRM, et l’imagerie fonctionnelle, comme l’IRM fonctionnelle (IRMf). La première technique permet de visualiser l’anatomie du cerveau, tandis que la deuxième mesure l’activité des régions du cerveau. Les images générées par l’IRM structurelle peuvent alors être jumelées aux données de l’IRMf pour faire correspondre les fonctions et les régions du cerveau d’une même personne en temps réel (Purves et al., 2012).

S’il peut sembler étrange de se coucher dans un appareil qui produit des images de son cerveau, il l’est d’autant plus lorsque la « tâche » à accomplir dans l’IRM est de fixer une image sur laquelle se trouve une croix. En effet, dans l’étude de la connectivité fonctionnelle du cerveau, il est commun de mesurer l’activité cérébrale dite « au repos ». Par cette expression, on veut dire que ce qui est mesuré correspond aux fluctuations naturelles et spontanées de l’activation neuronale, comme être perdu dans ses pensées ou rêvasser. Ce qui peut être observé essentiellement s’appelle le réseau du mode par défaut, soit des connexions entre différentes régions du cerveau dans un état passif. Les indications données pour les IRMf de repos varient selon les études : certaines sont effectuées les yeux fermés, les yeux ouverts, ou les yeux fixant une croix. Dans le but de comparer la fiabilité des différentes conditions, Patriat et al. (2013) ont trouvé que le fait de fixer son regard sur une croix était la condition la plus fiable des trois dans tous les réseaux de connexions, sauf pour celui de la vision.

(Image generated by ChatGPT – DALL·E (OpenAI), 2025.)

2.      Passer une IRM, est-ce que c’est dangereux?

Imagerie structurelle ou imagerie fonctionnelle, y a-t-il des risques associés à ces méthodes? Cette question est légitime, peu importe les raisons qui vous pousseraient à vous la poser. Se retrouver enfermé-e dans un tunnel de la tête aux pieds peut sembler étrange et il est tout à fait normal de se demander si cette technique d’imagerie est sécuritaire. Pour répondre simplement à la question, il n’est pas dangereux de passer une IRM, si toutes les précautions nécessaires sont prises. Parmi celles-ci se trouvent :

  • La présence de personnel formé de façon rigoureuse pour la passation d’examens IRM (Ghadimi et Sapra, 2023).

  • La délimitation de zones comportant différents niveaux d’accès au public, au personnel et aux patients;

  • Le dépistage préalable des contre-indications à l’IRM (réalisé deux fois : avant la rencontre, et au moment du scan)

  • La distribution de protection auditive, étant donné le bruit fort causé par les vibrations de l’intensité du champ magnétique changeant rapidement, pouvant aller au-delà de 100 décibels;

  • Le retrait de tous les objets métalliques, incluant les vêtements contenant des fibres métalliques, avant d’entrer dans l’appareil IRM (Shah & Aran, 2023).

  • La détection d’implants médicaux faits de substances ferromagnétiques pouvant être affectés par les champs magnétiques;

  • L’accessibilité de méthodes de communications rapides en cas d’inconfort (balle à presser, micro et écouteurs)

Sans ces dispositions, il pourrait arriver que des évènements fâcheux se produisent, tels que des blessures dues à des objets métalliques projetés. La force puissante de l’aimant de l’IRM a comme effet d’attirer les objets ferromagnétiques des alentours, comme des chaises ou des lits. Il est donc essentiel de conserver un environnement sécuritaire en évitant ce type d’objet et en installant, par exemple, des détecteurs de métal.

Maintenant que vous connaissez les risques associés à la passation d’une IRM, il est pertinent d’ajouter qu’une étude a recensé le taux de rapport d’incident lié aux examens IRM, qui s’élevait à 0,35 %, plusieurs de ces incidents n’ayant pas occasionné de blessures au patient (Mansouri et al., 2016).

À venir dans le prochain blogpost:

3.      Que se produirait-il si j’étais stressé(e) durant la passation de l’IRM?

4.      Qu’est-ce qui arriverait si je m’endormais durant l’examen IRM?

5.      Qu’est-ce que je vois sur les photos que je reçois?

6.      Pourquoi utiliser l’IRM au lieu d’autres techniques d’imagerie?

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Mieux comprendre le stress et ses effets